Hellfest 2022 : une sacrée fête d’annHELLversaire – Part 1

PART I : 17 au 19 juin

Une édition historique.

Après 2 ans de hiatus, dus à la pandémie, et la diffusion en ligne d’un festival « à la maison » en 2021, le Hellfest est en effet revenu en chair et en os cette année pour fêter cette 15ème édition, avec une affiche à faire pâlir un âne priapique en manque d’affection.

Jugez plutôt :

  • 7 jours de fête sur deux weekends, du vendredi 17 au dimanche 19 juin, puis du jeudi 23 au dimanche 26 juin.

  • 60 000 festivaliers attendus par jour, soit 420 000 sur l’ensemble de l’évènement,

  • Un menu gargantuesque et diversifié (plus de 350 groupes) avec, en cerise sur le pichet de Kro, Metallica, l’arlésienne du Hellfest, longtemps réclamée par un public qui n’osait plus y croire.

Le « festival du siècle » (dixit les organisateurs), qu’il eut été impensable pour tout être humain correctement peigné (ou pas) de rater. Un peu comme si vous étiez bêtement passé à côté de l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique, ou d’une représentation du Marketing du Rire à votre domicile (mais ça, c’est facile à organiser, vous nous contactez on vous file les coordonnées de JR, celui-ci économise un repas chaud au passage, et vous, votre place au paradis).

Vous devez penser que j’américanise le truc…

Et bien non.

Pas du tout.

… N’insistez pas ou je vous colle un procès.

Alors, bien évidemment que l’Entrepod, en bon témoin de son époque, se devait d’être présent.

Revenir sur Rouen entre les deux weekends était par ailleurs inenvisageable… Les amies très chères que nous étions susceptibles de rencontrer sur place n’auraient pas compris.

C’est pourquoi notre Comité de Direction, composé exclusivement de nous-mêmes, a débloqué les moyens logistiques et humains nécessaires à cette mission.

Bref… Vous prenez une bagnole et un mobil-home. Vous y fourrez au chausse-pied Niko pour la prise de son/vidéo, Marius pour les photos et votre serviteur pour cet report écrit. Vous secouez un bon coup, et c’est reparti pour une aventure à trois pendant… onze jours.

Ambiance caliente (ou bien humide selon la météo du moment) assurée !

Première nouveauté, la mise en place de 2 parkings officiels pour empêcher le stationnement sauvage, notamment dans Clisson. Des navettes sont spécialement affrétées afin d’acheminer les festivaliers du parking au site lui-même.

Nous arrivons le vendredi en fin de matinée et le parking sud-est est déjà complet… Pas le choix, nous nous garons, comme les autres arrivants, le long de la route. Le parking ouest (39 ha, 13 000 places) sera pour sa part complet à 16 heures.

Autre difficulté ce premier jour : le temps d’attente des navettes, bloquées par la circulation, va de 1 à 2 heures.

Les organisateurs sont contraints d’ouvrir un nouveau parking en urgence et prévoient pour les jours suivants la mise en place d’un parking supplémentaire et le renforcement du nombre de navettes.

De notre côté, nous rejoignons facilement le site à pied, via le tronçon de route bloqué à la circulation pour l’occasion.

Vingt minutes plus tard, nous franchissons les portes de l’Enfer.

Une jeune femme à l’allure fort aimable, au port très gracieux et au vêtement bien rare nous sollicite pour une photo.

Comment refuser lorsque nous lisons dans ses yeux de velours sombre toute sa frémissante admiration pour nos trois silhouettes affûtées se découpant dans le soleil couchant de midi ?

Et bien, nous ne pouvons pas. Simple question de déontologie.

Notre devoir accompli, nous pouvons attaquer les choses sérieuses : à nous le gros son, le verbe haut, et puis aussi… La chaleur. Ecrasante.

Entre rôtir sous le soleil devant les mainstages ou cuire au four comme un agneau de 7 heures sous les scènes couvertes, le seul moyen de tenir sur la durée est de boire, boire, boire. Le site dispose fort heureusement d’un grand nombre de points d’eau, des brumisateurs sont régulièrement actionnés et les festivaliers des mainstages sont régulièrement arrosés à la lance à incendie pendant les concerts.

Les organismes restent toutefois soumis à rude épreuve et la fatigue physique se fait durement sentir dès la fin du premier jour. Pas facile d’être sur la brèche en permanence dans ces conditions, d’autant qu’il va falloir l’étaler sur sept jours cette année.

Il faut dire que la liste des artistes est impressionnante (cf. l’affiche ci-dessus), et si les organisateurs ont malheureusement du faire face à des annulations, dont certaines de taille (Faith No More, Incubus, Avenged Sevenfold,Turnstile, Katatonia,…), les remplacements proposés ont été à la hauteur, voire au-delà selon certains : Ghost, Gojira, ou encore Steve Vai, pour ne citer qu’eux, ont magistralement assuré le show.

Comme d’habitude, les genres les plus variés se côtoient allégrement sur les 6 scènes (sans même parler des concerts ayant lieu en marge, dans l’enceinte du Hell City Square et du Metal Corner) : hard rock, heavy metal, power metal, speed metal, stoner, punk, hardcore, doom, black, death, indus, post-punk, metalcore, post-tout ce que vous voulez, etc.… La liste est longue.

Il est de toute façon matériellement impossible de tout voir. En fonction de ses envies ou de son humeur, on sélectionne ses concerts, on picore au gré de ses déambulations, on préfèrer écouter les « gros » groupes principalement actifs sur les mainstages (Metallica, Scorpions, Guns n’ Roses, Deep Purple, Nine Inch Nails, Judas Priest, Deftones, Korn, Ghost…) ou au contraire, privilégier les programmations plus pointues des scènes Altar, Temple, Valley et Warzone (Orange Goblin, Carcass, Heilung, Earth, Cro-Mags,…)

Certaines programmations simultanées peuvent d’ailleurs donner lieu à des choix cornéliens. C’est ainsi que j’ai opté pour Kadavar et Converge, et tant pis pour les Guns n’ Roses. Sans aucun regret au final !

Pour ma part, je n’évoquerai, dans les lignes qui suivent, que ma petite sélection quotidienne (forcément partielle et subjective), des concerts qui m’auront le plus marqué. Le but étant de partager voire faire découvrir quelques groupes choisis, plutôt de déballer une liste à la Prévert sans grand intérêt.



Vendredi 17 juin :

Le groupe de black metal bordelais Seth était très attendu par le public, à juste titre : Les compos sont très accrocheuses, la prestation théâtrale, et le final a la saveur d’une bonne vieille pelloche fantastique des 60’s-70’s, érotique et rouge sang à souhait. « Vive le metal noir ! » rugit le chanteur Saint Vincent à ses ouailles définitivement conquises !


Dans un registre radicalement différent, Black Mountain délivre un set de toute beauté, gavé de rock psyché 70’s, Mellotron et Moog compris, et ce malgré une présence relativement statique de sa chanteuse. Je ne saurais que trop vous conseiller leur 2nd album « In The Future », excellente entrée en matière pour découvrir ce groupe.


En 2018, nous nous étions pris une énorme claque avec Baroness : suite à la défection impromptue de son batteur, le groupe avait joué en acoustique, offrant aux spectateurs une prestation portée par la grâce. Il est donc hors de question de passer à côté de leur retour cette année. Et bien nous en prend. Oh que oui. Ce concert est tout simplement incroyable, les musiciens débordant de charisme et de présence tout au long du set. Un moment de pure osmose avec le public qui continue à chanter une fois le concert terminé, faisant revenir le groupe sur scène pour une ovation finale. Un concert qui restera à n’en pas douter dans les annales du Hellfest.



Samedi 18 juin :

Frustration ou le post-punk français à son meilleur ! Les titres s’enchaînent dans une énergie communicative, portés par un chanteur à la dégaine et aux mimiques improbables, un bassiste qui ne rêve que de stage-diving et le reste du groupe à l’avenant. C’est brut de décoffrage, et ça envoie terrible. A découvrir absolument en live.


Le post-rock atmosphérique du groupe japonais Mono tranche allègrement avec la majeure partie de la programmation du festival. Son set essentiellement instrumental prend ici toute son ampleur avec les cordes du Jo Quail Quartet venu spécialement pour l’occasion, emportant le public dans un trip atmosphérique bleuté de très grande tenue. Magique !


Autre temps fort de la journée, Envy. Comment résister au plaisir de revoir ce groupe de post-rock/screamo qui avait été notre révélation 2019 ? Et bien on ne résiste pas. Je suis de nouveau bluffé par la performance, toute en puissance et en émotion. Définitivement le concert de la journée, un plaisir intact, alors même que l’effet de surprise a disparu.



Dimanche 19 juin :

Amateur monomaniaque de grosses basses saturées et de chant hurlé, tu peux passer ton chemin. Il est temps pour Twin Temple et son doo wop satanique de faire son entrée, dans une joyeuse ambiance white trash 50’s/60’s. Ce duo (accompagné de musiciens supplémentaires sur scène) n’est autre que le fruit de l’accouplement contre nature d’Amy Winehouse, Fred Chichin, ma sorcière bien-Aimée, Herschell Gordon Lewis… et Scoubidou.

La coiffure choucroute et les croix renversées sont de rigueur, le son de guitare si typique du genre côtoie le solo de saxo dans un concert aux allures de cérémonie occulte où la chanteuse Alexandra James célèbre le Malin en crachant du sang sur le public entre deux vocalises, pour conclure le set sur une étreinte lascive avec son guitariste de mari, Zachary James.

C’est frais, c’est drôle, sachant que le satanisme dont le duo américain se fait l’apôtre relève plus du manifeste pour la liberté de conscience et la tolérance dans un pays fortement marqué par le conservatisme. (à ce sujet, n’hésitez pas à jeter un œil sur le passionnant documentaire « Hail Satan ? » de Penny Lane, déjà évoqué dans un épisode de l’Entrepod).


Dans une Valley archi-comble, Red Fang nous balance en pleine face son stoner rock gorgé jusqu’à la moelle de titres plus efficaces les uns que les autres. Ça groove terriblement, le public est déchaîné, les corps surfent sur la foule, et la température monte encore d’un cran, si c’était possible, lorsque le groupe attaque « Wires ». Succès immédiat ! Un set formidable, bien trop court à mon goût !


Parmi les grosses découvertes du jour pour moi, un doublé gagnant : le groupe ukrainien Jinjer et les japonais Maximum The Hormone embarquent tout sur leur passage.

J’avais déjà eu un premier aperçu de la puissance de feu de Jinjer lors du Hellfest from Home l’année dernière : la chanteuse Tatiana Shmayluk est impressionnante de présence sur scène et sa technique vocale, alternant chant clair et growls est hallucinante. Ce groupe est devenu incontournable ces dernières années.


Quant à Maximum The Hormone, que dire ? Totalement foutraque, délirant, mais magistral dans l’exécution, le groupe percute les genres : metal, hardcore, pop, et funk passent à la moulinette dans une ambiance survitaminée… et guillerette. Avec son attitude kawaïï et son jeu très agressif, la batteuse est une machine de guerre et résume bien à elle seule l’attitude du groupe. Ils réussissent à me happer dès le premier titre et me scotcher jusqu’à la fin de leur prestation.


Perturbator est un grand moment de transe collective sous la Valley. Si j’étais resté un peu extérieur à sa prestation en 2017, j’avais beaucoup apprécié son dernier album, « Lustful Sacraments », et je voulais revoir le bestiau de près. Mazette. Est-ce mon état d’esprit du moment, les musiciens, le son impressionnant de puissance, le trip synthwave ? Je décolle littéralement et je ne suis manifestement pas le seul. Mes proches voisins et moi-même quittons les lieux rayonnants de bonheur au bout d’une heure d’un set littéralement hypnotique. Il me faudra un moment pour redescendre.


Malgré la fatigue qui se fait bien sentir au bout de ces trois jours caniculaires, ce dimanche reste ma meilleure journée de ce premier weekend de festival. Les concerts de qualité se sont enchaînés (Inter Arma, Regarde Les Hommes Tomber, Life Of Agony, Alcest, Watain) et n’en retenir que quelques uns parmi les plus marquants a été un exercice difficile, la chaleur ayant également eu une incidence sur ma capacité à apprécier certains concerts (Rotting Christ le vendredi notamment).

La première édition 2022 s’achève donc, et nous allons nous reposer quelques jours et recharger les batteries pour mieux redémarrer en fanfare dès le vendredi suivant !


Le 1er week-end du Hellfest 2022 de Marius

  • Mon Top concerts
  1. Messa
  2. Baroness
  3. The Vintage Caravan
  4. Red Fang
  5. Life of agony
  • Révélation / découverte / coup de cœur du festival

Coup de cœur pour le super sympathique agent de sécurité qu’on croisait chaque matin

  • Déception / le coup de gueule du festival

Les parkings pris d’assaut donc galère pour se garer

Turnstile qui a annulé sa venue



Le 1er week-end du Hellfest 2022 de Niko

  • Mon top concerts
  1. Baroness
  2. Envy
  3. Jinjer
  4. KoRn
  5. Frank Carter and the rattlesnakes
  • Révélation / découverte / coup de cœur du festival

The inspector Cluzo

  • Déception / le coup de gueule du festival
  1. Avoir raté Maximum the Hormone
  2. Deftones en live (que j’adore pourtant en album)
  3. Etat de forme perso qui ne m’a pas permis de profiter du festival comme j’aurais aimé


Retrouvez nos impressions dans le traditionnel débriefing en podcast :

Et cette année, pour vous permettre de suivre en quasi direct l’expérience de l’EntrePod au Hellfest, nous avons mis en place un JT quotidien (alors c’est un peu « décalé », on ne va pas vous mentir sur la marchandise)

Si vous avez raté les éditions (ou que vous voulez les revoir), les voici en replay !

JT du 17 juin 2022
JT du 18 juin 2022
JT du 19 juin 2022

Et notre clip vidéo en souvenir de cette édition !

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