Cabadzi, c’est noir mais c’est beau !

[Arnaud] Voilà que se profile en 2021 le nouvel album d’un des groupes français les plus intéressants (à mes yeux du moins) de ces dernières années, Cabadzi. L’occasion, en l’attendant, d’essayer de vous donner envie d’aller découvrir, si ce n’est déjà le cas, ce chaînon manquant entre Orelsan et Florent Marchet.

Ce groupe nantais, issu d’une troupe de cirque contemporain, s’est resserré au fil des années autour de ses désormais deux seuls membres : Olivier Garnier, chanteur à l’origine du projet, dit Lulu – et Victor Bitaudeau (entre autres beatboxer et percussioniste).

Quand suis-je tombé sous le charme de Cabadzi ? En 2018, lors d’un concert « Cabadzi x Blier » à l’Espace Culturel François Mitterrand à Canteleu. Le concert m’a marqué à la fois en termes d’énergie dégagée (musique électro, scansion d’Olivier Garnier…) et de visuel (mapping vidéo sur un cube/scène qui se déploie et se replie au fil de la représentation, et dont la surface est composée de fils sur lesquels sont projetés des dessins et animations de l’illustrateur brésilien Adams Carvalho, inspirés de films de Blier).

Il s’agissait de l’adaptation live d’un album concept du même nom, consistant à adapter/réécrire des dialogues extraits de films de Bertrand Blier (parfois jusqu’à 7 ou 8 repris et retravaillés sur un seul titre) et à les mettre en musique, projet réalisé avec la bénédiction du maître.

Le principe, rien ne le résume mieux que leurs tutos. 2 exemples ici avec une réplique des Valseuses et l’autre extraite de Tenue de Soirée. 

 

 

Un conseil, prenez le temps d’aller voir la captation du live à la Gaîté Lyrique, meilleur moyen de vous rendre compte de ce que ça donne ; ça vaut vraiment le détour. 

M’en reste un beau souvenir entre les mains : le coffret disque/livret, magnifique objet – dédicacé pour le mien – déclinant notamment les visuels d’Adams Carvalho et le travail sur les dialogues, édité par un imprimeur nantais, Calepino (ils font vivre le commerce local, ces gars-là).

Alors, en attendant leurs nouvelles productions, j’ai découvert Cabadzi à rebours, allant écouter leurs compositions précédentes et notamment l’album « Des angles et des épines » dans lequel on retrouve leur énergie si caractéristique et de beaux textes, même sans Blier. Allez par exemple écouter « Cent fois », obsédante et, de prime abord, guillerette ritournelle… d’un condamné à mort dont on comprend qu’il a tué son rival amoureux et ne désespère pas de conquérir celle pour qui il a tué. L’intro de ce morceau, les auditeurs de « Par Jupiter » sur France Inter la connaissent sans en percevoir la noirceur.

Parce que oui, Cabadzi, c’est noir mais c’est beau ! Des histoires de tous les jours, sur les sentiments, la vie intérieure de personnes en proie avec la difficulté de vivre leur quotidien, au spleen…  Dénonciations des travers de notre société mais au travers d’histoires individuelles, de parcours, par touches.

Et nous voilà donc à l’aube de l’album suivant, qui s’inscrit dans cette veine : « Bürrhus », du nom d’une marque imaginaire, universelle, omnipotente, dont on pressent qu’elle nous tient par les c…, à la fois source et antidote de nos maux. Marque dont le nom fait écho à un des spécialistes de la psychologie du comportement du 20ème siècle, Frederic Skinner Burrhus.

Si l’image était déjà omniprésente tout au long de leur discographie, au travers de clips particulièrement soignés, elle devient ici centrale. Les nouveaux titres sont effet distillés via une série de 6 clips (2 sortis à ce jour) réalisés par Marian Landriève (encore un nantais, déjà réalisateur de clips pour Cabadzi mais aussi Alexis HK, et responsable du mapping sur Cabadzi x Blier). Une série tout court finalement, dont on attend la suite, avant, on l’espère, l’album dans les mois à venir et, pourquoi pas, soyons fous, avant de les retrouver sur scène ! L’univers Bürrhus fantasmé de Cabadzi ressemble beaucoup au nôtre, et c’est ça qui nous touche :

  • S01E01 – Mélanco (on ne se refait pas !) et ses angoissants skins/filtres en réel…

  • S01E02 – Cabane et ses trips au Bürrhus…

Série à suivre, donc, notamment via leur site et leurs comptes Facebook et Instagram. 2021 sera Bürrhus, 2021 sera Cabadzi. Moi Cabadzi, j’dis oui !

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