
Commençons par enfoncer une porte ouverte : Hayao Miyazaki est un géant de l’animation, et fait figure d’exemple, voire de mètre étalon permettant de juger de la qualité d’autres oeuvres.
A tel point que dès qu’un nouvel auteur réalisateur émerge du Japon, il n’est pas rare en France de le présenter dans les médias comme « le nouveau/le futur Miyazaki ».
Pour remettre en contexte, Hayao Miyazaki est un artiste, dessinateur et réalisateur Japonais. Il est également le co-fondateur du studio Ghibli.
Aujourd’hui, ses oeuvres sont relativement connues du grand public en France, mais au début des années 2000, c’était encore quelque chose de niche, un truc de geeks dont on parlait sur des forums et dans la presse spécialisée.
C’est à cette époque que je l’ai découvert, au moment de la fac (fin des années 90 donc), et je dois dire qu’avant même de voir le premier film, ce que je pouvais en lire me donnait énormément envie, sans rien connaitre de ce réalisateur, cet Hayao Miyazaki dont je savais à peine prononcer le nom.
Mais en fait, j’avais été exposé plus jeune à ces travaux sans le savoir avec les séries télévisées animées Heidi, Edgar de la cambriole ou encore Sherlock Holmes sur lesquelles il a travaillé au sein des studios qui els produisaient et qui lui ont permis d’acquérir une épxrience importante sur les techniques d’animation, ainsi que se positionner sur ce qu’il ne voulait pas faire.
Et donc, au début des années 2000, c’est la découverte (et la claque pour moi) de Princesse Mononoke et Le voyage de Chihiro, dont j’avais effectivement entendu beaucoup parler sans les voir et que j’ai achetés en DVD collector (dans une très belle édition avec boite en bois, que j’ai toujours et qui trônent fièrement au sommet de ma collection de DVD/Blu-ray/pifothèque), avec également Le tombeau des lucioles de son compère Isao Takahata (mais dans une toute autre ambiance…), cofondateur du studio Ghibli (Isao Takahata sur lequel j’aurai l’occasion de revenir un peu plus loin).

Donc cette découverte (Le voyage de Chihiro restant probablement mon film préféré d’Hayao Miyazaki) m’a fait plonger complètement dans l’univers et la poésie de Miyazaki et naturellement j’ai ensuite découvert ses autres classiques : Le château de Cagliostro (long métrage de la série Edgar de la cambriole, en vrai Lupin III au Japon), Le château dans le Ciel (Laputa), Porco Rosso (dont j’adore l’ambiance, la mélancolie et la musique), Nausicaa de la vallée du vent, Mon voisin Totoro (devenu la mascotte du studio Ghibli), Kiki la petite sorcière, et Le château ambulant au cinéma lors de sa sortie en France en 2004, grâce à l’association Sortons.net de Rouen, dans laquelle officiait un certain Freddy.
Une fois ce préambule terminé, voici le coeur de ce que je voulais vous présenter : 3 documentaires (ou série documentaire) consacrés à Hayao Miyazaki.
Bien entendu, comme ils sont tous les 3 centrés sur la même personne, ils abordent forcément des sujets communs et récurrents chez Miyazaki (antimilitariste, l’impact négatif de l’humanité sur son environnement, etc.).
En revanche, ils ont chacun leur spécificité, ne serait-ce que parce qu’ils ont tous été réalisés selon des angles et des époques différents, en marge de projets différents, donc on peut ainsi observer l’évolution de son caractère, la manière dont il aborde le travail (forcément différent à 60 ans et à 80 ans), ses annonces de retraite jamais mises en application, son rapport aux autres aussi.
On comprend notamment mieux comment son expérience personnelle se retrouve retranscrite dans ses oeuvres (parfois de manière assez explicite une fois qu’on a les codes) qui, si elles font souvent appel au fantastique et à l’imaginaire, sont en fait un reflet de notre monde réel, une sorte de miroir déformant pour mieux faire ressortir l’absurdité, mais aussi la beauté et la poésie du quotidien.
Une chose qu’on retrouve systématiquement, c’est son côté perfectionniste (voire tyrannique ?), mais aussi l’approche qui peut paraitre assez surprenante à savoir qu’il élabore ses films à l’avancement, sans forcément savoir où il va au départ, il se laisse guider, mais aussi se perd très souvent.
Pour les personnes (comme moi) qui aiment voir les coulisses de la création, la manière dont s’y prennent les artistes, c’est assez passionnant.
Mais je vous laisse vous faire votre avis.
10 ans avec Hayao Miyazaki | NHK WORLD-JAPAN
Disponible jusqu’au 21 avril 2026 – Uniquement sur la chaine NHK World Japan (liens ci-dessous)

Un documentaire en 4 parties suit Hayao Miyazaki. dans son processus créatif entre 2006 et 2016, principalement au sein du Studio Ghibli. Ce documentaire offre un regard intime sur la manière dont Miyazaki travaille, ses doutes, ses frustrations et son perfectionnisme acharné
La série de reportages le décrit comme artisan passionné, toujours à la recherche d’amélioration et d’innovation, et père pas toujours très sympathique vis-à-vis de son fils Goro.
Il offre une plongée rare dans les coulisses du Studio Ghibli et révèle la personnalité de Miyazaki : son perfectionnisme, ses colères, mais aussi son humour et sa passion pour l’animation.
Il met en lumière les défis de la création artistique et le poids du temps sur un artiste.
Documentaire en anglais avec des sous-titres en français.
Ep. 1 Ponyo est là

Un regard exclusif sur les coulisses du génie du plus important réalisateur japonais vivant, Hayao Miyazaki, créateur de certains des longs métrages d’animation les plus emblématiques et les plus durables dans le monde aujourd’hui. Miyazaki a autorisé un réalisateur de documentaires à le suivre dans son travail, alors qu’il imaginait des personnages et des intrigues pour ce qui allait devenir son blockbuster de 2008, « Ponyo sur la falaise ». Miyazaki explore les limites de ses capacités physiques et de son imagination pour faire apparaître des protagonistes inoubliables.
L’épisode suit la création du film Ponyo sur la falaise (Gake no Ue no Ponyo). On y découvre comment Miyazaki insiste pour un retour à l’animation traditionnelle en dessinant lui-même une grande partie des plans. Son obsession pour le détail et sa rigueur avec son équipe sont mises en avant.
Lien pour visionner : Ponyo est là
Ep. 2 Dessiner le réel

Le réalisateur de films d’animation Hayao Miyazaki a autorisé un seul réalisateur de documentaires à l’observer dans son travail, sur ce qui allait devenir son blockbuster de 2008, « Ponyo sur la falaise ». Tout en imaginant les personnages et les intrigues, le réalisateur se souvient de sa défunte mère afin de s’en servir comme fil conducteur pour son histoire. Selon Miyazaki, « les films montrent qui vous êtes », « peu importe combien vous essayez de le cacher ».
Cet épisode couvre le développement de Le vent se lève (Kaze Tachinu), un film très personnel inspiré de la vie de Jirō Horikoshi, concepteur du chasseur Mitsubishi A6M Zero. On y voit Miyazaki réfléchir sur son héritage, sur la guerre et sur la façon dont l’animation peut capturer la complexité du réel.
Lien pour visionner : Dessiner le réel
Ep. 3 Aller de l’avant – La menace

Un regard exclusif sur les coulisses du génie du plus important réalisateur japonais vivant, Hayao Miyazaki, créateur de certains des longs métrages d’animation les plus emblématiques et les plus durables dans le monde aujourd’hui. Miyazaki a autorisé un réalisateur de documentaires à le suivre dans son travail, alors qu’il imaginait des personnages et des intrigues pour ce qui allait devenir son blockbuster de 2008, « Ponyo sur la falaise ». Miyazaki explore les limites de ses capacités physiques et de son imagination pour faire apparaître des protagonistes inoubliables.
Cet épisode aborde l’annonce de la retraite de Miyazaki après Le vent se lève. Il exprime son sentiment d’épuisement et son impression que le temps de son style d’animation touche à sa fin. Malgré cela, on sent qu’il ne peut réellement se détacher de son art.
Lien pour visionner : Aller de l’avant – La menace
Ep. 4 Pas d’excuses faciles

À 72 ans, le légendaire réalisateur et producteur de films d’animation japonais Hayao Miyazaki relève un nouveau défi, qui deviendra son œuvre très appréciée « Le Vent se Lève » (2013). C’est le premier film de Miyazaki sur un personnage historique. Le réalisateur s’aperçoit que transformer un simple concept en film est un périple long et difficile. Au cours de ce processus, Miyazaki fait face aux questions difficiles : le vieillissement, et ce que signifie production d’un film d’animation au moment de la crise.
Malgré son départ officiel, Miyazaki ne peut s’empêcher de revenir aux studios et commence un nouveau projet, Le Garçon et le Héron (Kimi-tachi wa Dō Ikiru ka). Il explore l’animation en CGI, une technologie qu’il critiquait autrefois, et se lance dans un dernier défi artistique.
Lien pour visionner : Pas d’excuses faciles
Miyazaki, l’esprit de la nature | ARTE
Disponible jusqu’au 20 mars 2025
Miyazaki, l’esprit de la nature explore l’œuvre et la philosophie d’Hayao Miyazaki à travers le prisme de son rapport à la nature. Il met en lumière la façon dont l’environnement, les paysages et les esprits de la nature imprègnent ses films, tout en abordant ses préoccupations écologiques et son héritage artistique.
Une nature omniprésente dans l’œuvre de Miyazaki
Le film analyse comment la nature joue un rôle fondamental dans ses films, que ce soit sous forme de forêts luxuriantes (Mon voisin Totoro, Princesse Mononoke), de mers et vents déchainés (Ponyo sur la falaise), ou encore de paysages post-apocalyptiques (Nausicaä de la Vallée du Vent).
L’opposition entre l’homme et la nature est souvent au cœur des intrigues. C’est particulièrement le cas dans Princesse Mononoke où les dieux animaux luttent contre l’industrialisation humaine.
Un message écologique et humaniste
Miyazaki a toujours montré une vision nuancée de la relation entre l’homme et la nature : l’humain n’est pas seulement destructeur, il peut aussi apprendre à coexister harmonieusement, sous réservé qu’il en ait conscience et envie.
Le film explore les influences de Miyazaki, notamment les mythes japonais, le shintoïsme, et son amour pour la campagne japonaise.
Il inclut des extraits d’entretiens avec Miyazaki lui-même, des témoignages d’anciens collaborateurs du Studio Ghibli, ainsi que des cinéastes influencés par son travail.
De plus, des images des paysages ayant inspiré ses œuvres viennent l’illustrer.
Hayao Miyazaki et le Héron | Netflix
Hayao Miyazaki et le Héron est un documentaire de deux heures, offrant une immersion exclusive dans les coulisses de la création du film Le Garçon et le Héron au sein du Studio Ghibli. Tourné sur une période de sept ans, il dévoile le processus créatif de Hayao Miyazaki et sa collaboration avec le producteur Toshio Suzuki.
Après avoir annoncé sa retraite en 2013, Miyazaki revient sur sa décision, motivé par le désir de créer une œuvre dédiée à son petit-fils. Le documentaire relate ce moment et ce qui en a suivi, illustrant sa passion indéfectible et infinie pour l’animation.
Le film suit Miyazaki dans son quotidien au Studio Ghibli, dévoilant ses méthodes de travail méticuleuses, ses esquisses initiales (et le nombre hallucinant de dessins qu’il jette car pas assez bons à ses yeux), la supervision des animations et les discussions avec son équipe. Les défis liés à l’animation traditionnelle, notamment le rythme de production ralenti par l’âge du maitre (84 ans aujourd’hui), sont également mis en lumière.
Je vous disais que j’allais reparler d’Isao Takahata. Il hante littéralement ce documentaire, qui est à mes yeux beaucoup plus émouvant que les autres.
En effet, durant le tournage, Miyazaki apprend le décès de son associé, ami et surtout maitre, Isao Takahata, (qu’il appelle Paku-san tout au long du film).
Si après la cérémonie d’inhumation, à la quesiton « qu’est-ce que ça va changer? » il répond « rien du tout », les images qui suivent démontrent le contraire avec un artiste qui a complètement perdu sa boussole.
Il l’explique régulièrement. dans le film, il faisait des films pour Takahata, dans le sens où il voulait sa reconnaissance, qu’il cherchait toujours à lui plaire, à l’impressionner.
On voit donc un artiste qui au fil du tournage, évoque de plus en plus des thèmes liés à la mortalité, notamment en évoquant la perte de proches collaborateurs et amis, et la peur de perdre ceux qui restent.
À travers les entretiens et des moments de contemplation, Miyazaki partage ses pensées sur la vieillesse, la mortalité et l’héritage qu’il souhaite laisser. Ces segments offrent une introspection rare sur ses motivations profondes.
Au-delà du processus de production, le documentaire dresse un portrait humain de Miyazaki, révélant ses doutes, ses passions et sa philosophie de vie.
La collaboration entre Miyazaki et le producteur Toshio Suzuki est centrale dans le documentaire. Leur dynamique, mêlant amitié, taquinerie, et une certaine forme d’antagonisme, est explorée en profondeur, montrant comment Suzuki encourage et défie Miyazaki pour repousser les limites de sa créativité.
Le documentaire aborde son deuil et comment cette perte influence le ton et les thèmes de Le Garçon et le Héron.
Cela permet d’aborder Le garçon et le héron (je n’ai pas encore vu, mais ça tombe bien, il vient d’entrer au catalogue de Netflix) différemment, plus comme un film testament, hommage et transmission.
De plus, le documentaire met en évidence les défis auxquels le studio est confronté, notamment la transition vers une nouvelle génération d’animateurs et l’adaptation aux technologies modernes, tout en restant fidèle à l’artisanat traditionnel qui a fait sa renommée et son succès.
Ghibli survivra-t-il à la disparition de Miyazaki après celle de Takahata ?
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