Livre audio du mois – Le Siècle – Tomes 1 et 2

Comme je l’ai déjà évoqué dans un précédent billet, les derniers mois ont été grandement consacrés à l’écoute de la trilogie du Siècle de Ken Folett qui se présente comme « La grande aventure du XXe siècle, telle que personne ne l’a jamais racontée.  »

Alors, présenté comme ça, ça a un côté assez grandiloquent, et si on ne connait pas Ken Follet, on peut craindre une description historique rappelant pour certains, de désagréables moments sur les bancs de l’école.

Mais pas du tout ! et je vais essayer de vous donner envie d’y jeter une oreille (ou un œil).

 

Le siècle – Tome 1 : La chute des géants

En 1911, les grandes puissances vivent leurs derniers instants d’insouciance. Bientôt la guerre va déferler sur le monde… De l’Europe aux États-Unis, du fond des mines du pays de Galles aux antichambres du pouvoir soviétique, en passant par les tranchées de la Somme, cinq familles vont se croiser, s’unir, se déchirer, au rythme des bouleversements de l’Histoire. Passions contrariées, rivalités et intrigues, jeux politiques et trahisons… Cette fresque magistrale explore toute la gamme des sentiments humains à travers le destin de personnages exceptionnels, visionnaires et ambitieux…  

Billy et Ethel Williams, Lady Maud Fitzherbert, Walter von Ulrich, Gus Dewar, Grigori et Lev Pechkov vont braver les obstacles et les peurs pour s’aimer, pour survivre, pour tenter de changer le cours du monde. Entre saga historique et roman d’espionnage, drames amoureux et lutte des classes, ce premier volet du Siècle raconte une vertigineuse épopée où l’aventure et le suspense rencontrent le souffle de l’Histoire…  

Narrateur : Vincent Violette – Durée : 37h55

Pour ma part, j’avais découvert Ken Follet il y a quelques années (grâce à l’un de nos précédents invités, Bertrand Degrémont) dans Les piliers de la terre à propos des bâtisseurs de cathédrales dans lequel il adoptait la même approche que celle qu’on retrouve dans Le Siècle.

En effet, ce sont des romans qui nous présentent les petites histoires dans la grande, et cela n’en apporte que plus de force car on suit des personnages lambda (et non pas des personnalités historiques réelles) dont la chronique de vie en fait des témoins de leur époque. Et pour le lecteur également lambda, comme moi, ça facilite l’identification aux personnages (plutôt qu’à Churchill, Wilson, Hitler, Staline, etc.)

Pour autant, même si c’est fortement romancé, l’approche historique reste très documentée et fourmille de détails qui nous donnent l’impression d’être projetés dans les coulisses de l’Histoire.

Etant moi-même assez amateur de l’Histoire « classique » (il s’en est fallu de peu que j’emprunte cette voie universitaire), je trouve que cette méthode donne vraiment du poids aux événements passés car derrière les chiffres, les statistiques, les photos, les images et vidéos d’archives, etc. on se retrouve plongé pendant plusieurs heures aux côtés de personnes qui ont vécu ces événements avec une approche pas vraiment manichéenne (il n’y a pas de « bons » ou de « mauvais », pas de jugement sur les motivations), ni simplement factuelles, mais mettant en perspectives les vies, la société de l’époque et l’enchaînement des décisions (plus ou moins importantes sur le moment) qui ont abouti aux catastrophes guerrières du XXème siècle.

On subit donc avec eux les affres du quotidien sur le front, dans les couloirs diplomatiques ou à l’arrière avec les civils.

Il met en exergue les processus qui ont permis la montée des totalitarismes. Certains contemporains adhérant à leurs idées (par idéologie ou pour faire bouger les lignes), là où d’autres les regardent de haut (« ça ne passera jamais »), et où certains restent indifférents, se sentant non concernés et laissant la politique aux politiciens.

Autant dire qu’en ces temps d’incertitudes politiques, cette vision avec un siècle de recul laisse songeur sur la capacité qu’ont nos sociétés à faire bégayer l’Histoire (« Amnes’ history » comme le chantait Lofofora *).

Dans son récit, il prend comme point de vue celui d’adolescents et de jeunes adultes qui, justement, se construisent et doivent faire des choix qui les conduiront à choisir tel ou tel camp, souvent selon l’orientation de la famille, mais parfois aussi par influence de l’entourage, ou encore par nécessité une fois que la guerre a éclaté.

Dans une certaine mesure, on se retrouve avec une approche assez semblable à la série Un village français, qui parle du quotidien en temps de guerre et comment chacun fait pour vivre, et surtout survivre tant bien que mal, tout en trouvant des moments de joie et d’espoir.

Il y a une très bonne caractérisation des personnages dans ce premier tome: on se les approprie, on les aime bien, on les déteste, on a de l’empathie pour leur situation selon les goûts et approches de chacun.

De plus, tous restent très cohérents du début à la fin, et leur évolution (ou non) de pensée se fait de manière crédible.

Les personnages principaux que l’on suit ne sont pas « historiques », leur vie est romancée et ils reflètent plutôt des idéologies, des courants de pensées et un état d’esprit de l’époque.

Les grands noms de l’Histoire sont quant à eux des personnages secondaires.

Si je n’avais qu’un bémol à formuler, c’est que parfois j’ai eu du mal à me projeter dans des mises en scènes et situations puisque tout est basé et présenté au travers du regard d’adolescents (avec leurs parents/famille en fond), et même si je n’ai pas connu cette époque, ils me semblent tous très (trop) mûrs et matures pour leurs âges avec des réflexions, un vocabulaire et des formulations qu’on n’imagine mal sortir de leur bouches (notamment les voyous ou des personnes de milieux défavorisés de l’époque) ; ils  semblent tous relativement trop avisés et cultivés sur les problèmes politiques et géopolitiques qui les entourent.

Et pour un point de forme concernant le livre audio, le narrateur, Vincent Violette est vraiment très bon et arrive à incarner l’énorme éventail de personnages sans qu’on s’y perde.

Immersion totale de mon côté et forte recommandation!

 

 

Le siècle – Tome 2 : L’hiver du monde

De l’émergence du IIIème Reich à l’aube de l’ère atomique, la grande aventure du XXe siècle telle que personne ne l’a jamais racontée.  

1933, Hitler s’apprête à prendre le pouvoir : l’Allemagne entame les heures les plus sombres de son histoire et va entraîner le monde entier dans la barbarie et la destruction. Cinq familles de nationalités différentes, intimement liées, vont être emportées par le tourbillon de la Seconde Guerre mondiale. Amours contrariées, douloureux secrets, tragédies, coups du sort… Des salons du Yacht-Club de Buffalo à Pearl Harbor bombardé, des sentiers des Pyrénées espagnoles à Londres sous le Blitz, de Moscou en pleine évacuation à Berlin en ruines, le lecteur est projeté au cœur des drames mais aussi des joies vécus par ces femmes et ces hommes exceptionnels.  

Boy Fitzherbert, Carla von Ulrich, Lloyd Williams, Daisy Pechkov, Gus Dewar et les autres vont chacun à leur manière tenter de faire face au milieu du chaos. Entre épopée historique et roman d’espionnage, histoire d’amour et thriller politique, ce deuxième volet de la magistrale trilogie du Siècle brosse une fresque inoubliable.  

Narrateur : Vincent Violette – Durée : 37h20

On prend les mêmes et on recommence !

Enfin presque, mais pas tout à fait, car maintenant c’est la seconde génération qu’on suit (mais la précédente n’est jamais très loin).

D’ailleurs, ça a été une petite difficulté au début de ce deuxième tome puisqu’en plus des (déjà nombreux) personnages du tome 1, viennent s’ajouter leurs conjoints et leurs enfants, ce qui commence à faire un paquet de monde à retenir et ça n’est pas évident de s’y retrouver tout de suite et se remettre les idées en place (j’avais laissé un mois entre les 2 écoutes).

Ainsi, dans ce second tome, Ken Follet repart sur la vie d’adolescents dans un monde entre deux guerres, et qui abordent la montée des totalitarismes de manière très différente (du moins au début), selon leur nationalité, leur situation géographique ou leur statut social.

Dans cette période, les Etats-Unis et l’URSS commençant à vouloir élargir leur influence géographique, politique et idéologique, avec en toile de fond le début de leur course à l’armement nucléaire.

On a une approche globale encore une fois avec des histoires qui s’éloignent, se rejoignent, et les destins des personnages qui suivent le même chemin.

Il nous présente également des facettes historiques qu’on ne connait pas forcément (la guerre d’Espagne et ses enjeux qui ont participé à la suite des événements).

Ken Follet ne cherche pas vraiment à édulcorer son propos et quand il s’agit de présenter les atrocités de la guerre et les exactions des totalitarismes et de ses représentants, il y va à fond.

De même, quand il veut mettre en avant les pulsions et les passions, il ne met pas de filtre : sexe, érotisme, pulsions de mort, de vie ; il les présente de manière réaliste et sans concession.

Comme les personnages ne sont pas des anonymes pour nous après quelques heures de lecture (écoute), ça n’en est que plus marquant (avec parfois une boule au ventre à écouter certaines descriptions)

Parfois (vraiment pas longtemps) il arrive que le récit soit un peu longuet dans ses descriptions et ne fasse pas réellement avancer l’histoire (et dans ce cas, j’avais tendance à un peu moins écouter le narrateur)

Mais dans l’ensemble j’ai à nouveau dévoré cette deuxième partie.

Donc, je conseille également fortement !

 

 


Le siècle – Tome 3 : Aux portes de l’éternité
est sorti chez Audible en décembre 2016 toujours lu par Vincent Violette (pour 45h40 d’écoute !) et donc bien entendu, je vais m’y plonger avec intérêt prochainement (après une pause vers une ou plusieurs autres œuvres et auteurs afin de varier les plaisirs).

Et comme d’habitude, si le principe des livres audio ne vous plait pas (ou que vous craignez de pas adhérer à la lecture de quelqu’un d’autre), pas de problème, c’est également disponible en livre papier.

Pour information :

  • le tome 1 : 1050 pages,
  • le tome 2 : 1070 pages,
  • le tome 3 : 1270 pages.

 

* Comment pourrais-je oublier, alors encore enfant, à l’école « Nuit et Brouillard » sur l’écran ? Dans le noir nos yeux hagards ne comprenaient pas comment nos grands parents avaient laissé faire ça. Un tyran, un fou, héros d’une nation, œuvrant ouvertement pour l’extermination d’une population désignée responsable d’office, accusée, coupable, offerte en sacrifice à tout un pays affamé de pain et de gloire. Ils semblaient fiers de l’infamie, certains de la victoire. Usant de la folie, poussant à l’agonie les victimes choisies. Peu d’espoir de survie dans les camps de la mort, pire que du bétail (je n’crois pas qu’il s’agisse là d’un simple point de détail) furent bâtis les plus grands abattoirs de l’histoire. Dans d’étranges laboratoires d’obscurs docteurs mettaient un point d’honneur à cultiver l’horreur, sourds aux cris de douleur d’un peuple qui meurt pour la sauvegarde de la race blanche.

                    Et le cauchemar recommence.

                  Les somnambules reculent, alerte à la démence, comme                     un hasard de l’histoire, le cauchemar recommence.

Comment pourrais-je oublier quand, 50 ans plus tard, ressortait des placards le même vieux scénar’. On avait juste changé le nom des protagonistes, pour faire le vide, on ne dit plus génocide, mais purification ethnique, et on nous explique que l’on a rien à craindre et pas de temps à perdre, chacun sa merde ! A trop s’en foutre nous sommes devenus des lâches, complices inactifs d’une nouvelle tâche. Dans les livres d’histoire quelques pages qu’on arrache, mais quelque part, dans notre mémoire se cachent les images d’un carnage qui reviennent en flash. Aujourd’hui un foyer d’immigrés incendié en Allemagne. Partout en Europe, en Italie comme en Espagne, ici, aussi en France, c’est une évidence :

                   Le cauchemar recommence

Qui sera demain la cible des racistes irascibles ? Qui seront les coupables ? Qui seront les victimes ? Du même crime perpétré contre l’humanité ? Qui devra prouver qu’il a le droit d’exister ? Qui pourra alors s’en foutre, devenir un lâche, complice inactif d’une nouvelle tâche ?

Qu’allons-nous dire aux enfants quand ils ne comprendront pas, comment nous aussi avons laissé faire ça, pour la sauvegarde de la race blanche ?

                  Que le cauchemar recommence…

Amnes’ history – Lofofora – Peuh ! – 1996

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