Le sculpteur

Jeune sculpteur désabusé, intransigeant mais sans succès, David Smith, accepte un pacte avec la Mort lui permettant de modeler à mains nues tout ce qui lui passe par la tête, ce qui devrait le conduire sur le chemin de la renommée.

La contrepartie? Sa vie, et il ne dispose que de 200 jours pour atteindre son but et se faire connaitre.

Peu enclin à la vie sociale, cela ne lui pose aucun problème… jusqu’au jour où il va rencontrer la femme de sa vie, sa muse, qui va tout remettre en cause. 

 

Clairement on voit immédiatement qu’on est dans le mythe de Faust ou La peau de chagrin revisités à notre époque et cela fonctionne très bien.

David Smith fait partie des nombreux homonymes anonymes du bottin qui cherchent à se faire un nom, mais au début de l’histoire, c’est plutôt un raté qui se complait dans son statut d’artiste maudit à qui rien ne réussit, idéaliste, refusant les compromis, et rejetant la faute sur les autres et finalement bridé par les propres limites qu’il a fixées (ses promesses).

Le bouquin traite donc de ce jeune homme à qui, effectivement, la vie n’a rien épargné, mais qui a finalement arrêté de se battre et préfère la boisson à sa passion.

Le pacte avec la mort est un déclic, qui lui redonne goût à la création (se sentant sans limites) et à la vie, puisqu’elle coïncide avec la rencontre de Meg, son ange gardien (au sens propre comme au figuré) qui redonne du sens à son existence.

Il va donc sacrifier sa vie pour son art, ici de manière concrète, mais c’est finalement ce que peut être amenée à faire toute personne se donnant à fond dans sa passion.

Finalement, la sculpture en tant que telle n’est pas le sujet principal du bouquin (David pourrait être peintre, musicien ou cinéaste), c’est plutôt le rapport global à l’art, à la mort, aux relations humaines qui tisse le récit et donc chacun peut se retrouver dans l’histoire.

La narration est juste excellente, on est complètement embarqué, avec une réelle impression de temps qui s’écoule et on vit avec David les jours/heures/minutes qui s’égrènent avant d’arriver au terme du décompte final.

Le dessin n’est pas révolutionnaire, mais il est précis, voire détaillé par moments et sert complètement l’histoire, avec son ancrage bleu et noir et surtout sa mise en page hyper efficace.

Un très bel ouvrage, sur le fond, comme sur la forme !

Le Sculpteur de Scott McCloud est édité en France par les éditions Rue de Sèvres

 

Cette BD était mon coup de cœur lors de l’épisode 14 de l’EntrePod

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