J’ai écouté quelques disques depuis le début du mois de septembre. J’en ai trouvé le temps, ne me demandez pas comment. Trois beaux albums se démarquent, dans des styles différents : 22, A Million de Bon Iver, Away d’Okkervil River, et Star Treatment de Wovenhand.
22, A Million – Bon Iver
C’est la grande sensation de l’automne. Bon Iver est de retour avec album lumineux, qui bouscule nos habitudes d’écoute, avec des sons tordus, des bouts d’électro qui déraillent et un chant qui oscille entre le hip-hop (si, si), l’auto-tune maîtrisé (si, si, si) et la voix tout en écho de Justin Vernon, leader du groupe américain. Ah ! Ils sont forts ces Ricains pour nous emmener sur des territoires nouveaux, pour nous tirer par l’oreille et nous placer au milieu d’un évidence : ce disque est un grand disque. Il mérite un peu d’attention, d’être décortiqué. Pas comme une crevette, plutôt une huître qui cacherait jalousement une perle sous sa coquille. La métaphore fruit de mer n’est évidemment pas pour servir ce 22, A Million sorti de nulle part. 5 ans qu’on attendait un nouvel effort de Bon Iver, dont le nom est inspiré de l’expression française « Bon Hiver », c’est la fiche Wikipedia du groupe qui le dit. Ce très bel album, très profond, sort le 30 septembre. C’est un immanquable, vraiment. Bon Iver est en concert au Zénith de Paris, le dimanche 22 janvier. Aperçu en nouvelle formation live chez Jimmy Fallon, le groupe donne pas mal de promesses au public quant à ses prestations live.
Extraits
http://www.nbc.com/the-tonight-show/video/bon-iver-8-circle/3099669
Away – Okkervil River
Une histoire toute personnelle avec ce groupe découvert dans la cave de l’Emporium Galorium, à Rouen. Nous devions être une quarantaine, peut-être cinquante. C’était en avril 2006, et le groupe jouait l’album devenu mythique Black Sheep Boy. L’asso locale Avis de Passage avait eu le nez creux, et laissait chez moi ce souvenir jouissif, encore prégnant plus de dix années plus tard. Okkervil River a sorti le 9 septembre ce Away que l’on attendait plus. Mûri par l’expérience de longues tournées mondiales, façonné par Will Sheff, tête pensante du groupe made in US, son univers renfermé, ses démons apprivoisés. Une musique folk qui vous gratte la corde sensible, qui vous chatouille la gorge et vous pique un peu les yeux. Le lundi 7 novembre, je prends le train, ou le bus, ou la voiture pour aller voir Okkervil River au Petit Bain, à Paris. À vrai dire, j’y vais à genoux s’il le faut. Pas trop l’habitude me prosterner devant un groupe ou un artiste – j’ai moi-même un peu de bouteille maintenant – mais ce lundi 7 novembre, j’endosse l’habit du groupie, je fais signer ma pochette de vinyle, je dis un mot à Will et je repars avec des étoiles dans les oreilles, et des souvenirs pour dix ans encore.
Extrait
Star Treatment – Woovenhand
L’effet de surprise est un peu terni par le rythme de production des Américains (encore !). Pensez-vous, ils sortent à peu près un album par an depuis 2002. Wovenhand, vous connaissez bien sûr ? Non ?? C’est le groupe de David Eugene Edwards, aussi connu pour avoir mené 16 Horsepower dans les années nonante et 2000. Wovenhand, je les avais découverts à Budapest, en 2005. C’est là que j’ai pris le Monsieur en photo (ci-dessous). Wovenhand, c’est une formation rock aux accents country. Attention, pas la danse en ligne et en bottes à la salle des fêtes du Thil-Riberpré, la country alternative des States d’aujourd’hui, pleine de batteries, de voix hurlantes et de guitares bien vivantes. La musique créative d’un génie qui a souvent croisé la route d’un certain… Bertrand Cantat, époque Noir Désir et 16 Horsepower. Et cet album me direz-vous ? Conforme aux attentes, pêchu et sensible, violent et fragile. De quoi déstabiliser l’amateur de country à danser. À écouter ce Star Treatment, on l’imagine complètement à côté de ses bottes. En concert à la Maroquinerie de Paris le 11 octobre. L’album est dans les bacs.
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