Il y a cette salle, La Maroquinerie, juste à la bonne taille. Un endroit où l’on se sent à l’aise, près des artistes, qu’on soit dans la fosse ou sur les pourtours. Il y a cette petite scène, où les artistes ne peuvent pas se cacher, ni fuir le public. Il y a ces deux groupes rouennais, We Hate You Please Die et MNNQNS, qui font la fierté de notre ville à l’heure où les feux de l’actualité locale sont dirigés ailleurs. Deux histoires, deux trajectoires, qui prennent leur force dans le même terreau. Retour sur ce concert exceptionnel à Paris, le jeudi 3 octobre 2019.
Sur le ticket, le début du concert est annoncé à 20 heures. Ça tombe bien, c’est l’heure à laquelle le public envahit la salle. Juste à temps pour découvrir les phénomènes, We Hate You Please Die. Un groupe sorti des caves de Rouen pour aller briller sur la scène de Rock en Seine en quelques mois seulement. Dans le quatuor, la parité est respectée : deux garçons aux guitares et au chant, deux filles à la batterie, à la basse et au chant aussi. Car dans WHYPD, tout le monde donne de sa personne, pas un ne rechigne à se sortir les tripes pour les donner à manger crues au public. Une urgence, une rage, le cri de douleur d’une bande de kids, voilà les ingrédients d’un groupe qui jouit sa musique sur scène. Les saillies viennent de partout, du chanteur, habité par quelque démon intérieur quand le micro se dresse devant lui. De la batteuse, qui martyrise ses fûts comme elle dominerait un corps coincé sous elle, avec autorité et désinvolture. Il fallait les voir, prendre l’air à pleins poumons, avant de lâcher un hurlement final : « We hate you, we hate you please die ! ».
Applaudissements, mi-temps. 30 minutes, c’était bien trop court. Pour les prolongations, il faudra aller à La Boule Noire, une autre salle parisienne, le 2 février 2020. WHYPD y tiendra cette fois le haut de l’affiche.
Reprise de volée avec l’arrivée des MNNQNS sur la scène de la Maroquinerie. Point mode : les chemises sont dépareillées, les cheveux sont détachés et les pantalons bien cintrés. Ils sont beaux, ils jouent beau. Ces derniers mois, les quatre garçons ont suivi le vent d’un début de reconnaissance, en jouant tout autour du monde, et même en Chine. Sur des scènes de plus en plus grandes, dans des villes où le public les attendait de pied ferme. Comme si les MNNQNS avaient accumulé une force, une énergie, tout au long de ce périple. Et quand ils lâchent les vannes, les Rouennais ne font pas semblant. À coup de morceaux dansants, de titres électriques et de passerelles habilement posées entre les styles. Pop, rock énervé, chœurs avec les doigts et lancé de corps dans le public pour Adrian, chanteur charismatique et génial. Les sons fusent et les instruments volent, au sens propre du terme. Félix, enivré par un concert aux bonnes vibrations, a fini par fracasser au sol la basse qu’il avait tant frottée plus d’une heure durant. Le pauvre instrument, cordes distendues et bois rompu, gît désormais dans un cimetière réservé aux plus belles envolées. De celles qui marquent les souvenirs pour longtemps.
L’album de MNNQNS, « Body negative », est en écoute sur les plateformes françaises. Le disque était en vente en avant-première au concert. Et bientôt chez votre disquaire.
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