Les histoires de guitares contées par Gaëdic Chambrier

En février 2013, grâce à Pierre Journel et sa Chaine Guitare, je découvrais Gaëdic Chambrier qui présentait son spectacle Histoires de guitares.

Quelques mois plus tard, Gaëdic nous faisait l’honneur d’être l’un des premiers invités de l’EntrePod et depuis nous avons gardé le contact.

Mais en fait, depuis 3 ans, je n’avais jamais eu l’occasion de voir Histoires de Guitares.

C’est désormais chose faite grâce à Thierry Jourdain (tiens ! un autre de nos invités, décidément…) qui a permis à Gaëdic de se produire le 27 avril 2016, à l’école de musique du Grand-Quevilly.

À 4 kilomètres de chez moi, je n’allais pas manquer ça !

Cependant, il s’en est fallu de peu et c’est grâce à Marius qui assurait la couverture photo de l’événement que j’ai pu y assister car le spectacle a rapidement affiché complet.

La soirée a commencé par une pièce musicale jouée par un groupe d’une quinzaine de guitaristes de l’école de musique qui accompagnaient Gaedic pour une pièce répondant au nom d’Octantrion.

Le temps de faire de la place et la conférence/concert peut débuter.

Gaëdic commence avec une guitare 6 cordes contemporaine avec laquelle il est très à l’aise pour mettre dans l’ambiance.

Ensuite, démarre un voyage dans le monde des guitares et « guitaroïdes ».

On a un petit cours d’Histoire puisqu’il nous explique que les premières traces d’instruments de cette famille remontent à l’an 3000 avant JC, et sont les ancêtres communs des guitares, luths et mandolines.

Puis il enchaîne les présentations (globalement chronologiques) de la trentaine d’instruments qu’il a apportée ; il va d’ailleurs en pratiquer une vingtaine durant l’heure et demi du spectacle.

On a droit à l’histoire des instruments, des modes de jeu, des techniques de fabrication au fil des âges, on en apprend sur les origines de la guitare et les zones géographiques associées.

Durant la soirée, on est initié au vocabulaire technique ; rappel pour certains, découverte pour d’autre.
Par exemple, savez-vous ce qu’est un instrument monoxyle ? quelles sont les essences de bois à utiliser pour obtenir telle ou telle sonorité ou résonance ? qu’est-ce qu’une contrainte d’arrachement ? et une contrainte d’enfoncement ?
Eh bien, tout cela est présenté dans Histoires de guitares.

Pour mettre en valeur les différents instruments, Gaëdic joue des morceaux issus du répertoire traditionnel de cet instrument ou « dans le style » de ce répertoire (à 1 ou 2 exceptions près).

Ainsi, sur la trentaine d’instruments présents sur scène, on a une vingtaine d’accordages différents ; il faut donc bien tous les connaitre pour les pratiquer.

Pour autant, Gaëdic ne se revendique pas comme un virtuose de tous les styles et instruments présentés, au contraire. Il se présente plutôt comme un conteur qui illustre ses propos par des exemples musicaux.

Alors concrètement, quels types d’instruments voit-on ?

Par ordre de présentation :

  • Luth roman de l’époque carolingienne (an 900-1000) de la ville d’Ivrea,
  • Kithara Compostelle du 11ème siècle,
  • Guitare mauresque,
  • Citole « feuille de houx » du 12ème siècle,
  • Guitare renaissance,
  • Vihuela de mano, instrument de la renaissance,
  • Guitare lyre,

De nombreux anciens instruments sont des reproductions fabriquées par des luthiers sur la base de découvertes archéologiques sur des bas-reliefs ou des illustrations. Ainsi, c’est sujet à l’interprétation, au conte.

  • Guitare originale de 1890,
  • Guitare « classique », comparée à sa cousine la guitare flamenca,
  • Guitare classique basse,

Toutes les guitares, évoquées ci-dessus et positionnées à gauche de la scène, étaient des guitares « européennes », « historiques ». Ensuite, la conférence/concert s’oriente vers les guitares situées sur la droite de la scène et provenant de l’autre côté de l’Atlantique et la transition se fait en jouant d’une guitare « cross-over ».

La première guitare « américaine » présentée est une Martin originale de 1870, doyenne de l’exposition, puis il nous détaille :

  • Gibson L-4 de 1912,
  • Guitare à résonateur (ancêtre des amplifications électriques) ou « Dobro »,

C’est le moment choisi pour un morceau folk à 3 guitares avec Clément Bernard et Alex Bréard, professeurs de l’école de musique qui se joignent à Gaëdic sur scène pour jouer 4+20 de Crosby, Stills, Nash & Young

  • Guitare harpe de la fin du 19ème siècle,
  • Guitare hawaienne “lap steel”, “square neck”,
  • Guitare baryton,
  • Guitare 12 cordes sur laquelle Gaëdic nous joue Kashmir de Led Zeppelin, ce qui plait tellement qu’une personne du public l’enjoint à ne pas se limiter à une chanson de Led Zep, et on a droit à Babe, I’m gonna Leave you,
  • Guitare Mohan Veena, inspirée du sitar indien,
  • Guitare/sitar/harpe avec ¼ de ton,
  • Guitare double manche avec résonances sympathiques (qu’il utilise notamment avec Octantrion), fabriquée par Patrick Querleux, un instrument comprenant une mandole en sol et une guitare « terz » en sol également, d’où résonance ssympathiques.

Et nous voilà arrivés au bout de l’heure et demi de conférence/concert.

Personnellement, je n’ai pas vu le temps passer et mes voisins avaient l’air du même avis (les morceaux joués étaient souvent ponctués d’un « joliiiiiii », « c’est super !! » ou « impressionnant! » ).

Il faut dire qu’on sent Gaëdic super à l’aise avec son spectacle, il sait de quoi il parle, il est passionné et du coup en est passionnant. Pour ne rien gâcher, il est sympathique, crée rapidement la proximité avec le public par des anecdotes, de l’humour, et un côté pédagogue.

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De plus, il ne se contente pas de faire un enchaînement de descriptions successives, il raconte une histoire, et nous présente le contexte historique et artistique, souvent au-delà de l’instrument présenté.

Bref, c’est ludique : on apprend en s’amusant.

Je conclurai par une petite phrase prononcée pour évoquer les sonorités parfois dissonantes de certains instruments : « souvent, on a tendance à ne pas trouver beau ce qu’on ne connait pas ».

D’où l’intérêt d’être curieux!

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7 Comments

  1. Dommage que la semaine ait déjà été trop chargée pour accepter l’invitation de Marius… Ton papier très complet me donne des regrets !

  2. J’ai le même sentiment qu’Arnaud… Pas réussi à me libérer d’où quelques regrets. Par ailleurs, ton article très bien fait !

  3. pour avoir organisé un HdG à Pacy (27), je peux confirmé le passionné/passionnant/sympathique/proximité avec le public. Le courant passe et on ne voit pas le temps qui en fait autant !

  4. J’y étais. J’ai vraiment bien aimé. L’article est fidèle à ce que j’ai vécu et ressenti. Bravo Gad pour ta créativité et ta prestation. En sortant, on croise les doigts pour qu’il y ait une autre représentation sans tarder dans la region et on fait la liste des gens avec qui on partagerait bien ça ! Astrid

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