« Le serpent » se mord la queue

Les huit épisodes de la série « Le serpent » auraient pu faire entrer la production parmi les grands classiques du genre. Portée par un Tahar Rahim époustouflant, le terreau d’une histoire vraie glaçante et la beauté des images, la série est aussi plombée par de drôles de choix de casting et quelques incohérences…

Bangkok, Thaïlande, milieu des années 70. Les images d’époque et les décors reconstitués sont le théâtre d’une longue et insoutenable histoire. Une histoire qui s’est réellement déroulée en Asie du sud-est. Elle est fidèlement portée à l’écran 45 ans plus tard, si l’on en croit les protagonistes encore vivants.

Le pitch : « L’histoire de l’escroc Charles Sobhraj et les tentatives remarquables du diplomate néerlandais Herman Knippenberg pour le traduire en justice. Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, Charles Sobhraj et sa compagne Marie-Andrée Leclerc voyagent à travers la Thaïlande, le Népal et l’Inde entre 1975 et 1976, commettant sur leur passage une série de crimes sur le « Hippie Trail » asiatique. »

Ok, le choix aurait pu se porter sur un autre acteur pour jouer le métissé asiatique Charles Sobhraj. L’idée nous accompagne tout au long des huit épisodes, c’est plus fort que nous. Mais ce qui gomme toute gêne sur ce point, c’est la prestation exceptionnelle de Tahar Rahim. Charismatique et glaçant dans « Le serpent », le comédien français a peaufiné son personnage très longtemps. Une anecdote vient valider le choix de Rahim dans le rôle principal : lorsque Nadine Gires – la Nadine de la série – s’est rendue une journée sur le tournage, elle a été soufflée par celui qui incarne Sobhraj. Le physique, la démarche, la façon de rire… visiblement le boulot a été très bien fait. Les regards à déguster froid, les tenues vestimentaires et les silences sont particulièrement appréciés.

Et puisqu’il est question d’interprétation, attribuons tout de suite les autres bons points aux seconds rôles de la série estampillée Netflix (après avoir été diffusée sur BBC One début 2021). Billy Howle (Herman Knippenberg), Amesh Edireweera (Ajay), Mathilde Warnier (Nadine), Tim McInnerny (Paul Siemons)… Tous très bons dans des scènes clés, tous au diapason de Tahar Rahim. Là où le bât blesse, c’est lorsqu’on se penche sur le cas Marie-Andrée. La compagne de Sobhraj est interprétée dans « Le serpent » par Jenna Coleman. Son jeu traduit assez bien le tiraillement que l’on imagine, entre l’emprise, la fascination et le désir de fuite. C’est surtout dans les silences qu’elle s’impose. Oui, car dès qu’elle ouvre la bouche, ce n’est pas pour dire une connerie, mais c’est pour parler un français que l’on a du mal à distinguer. Il y a l’accent anglais très prononcé qui lui fait perdre toute crédibilité, et qui nous sort – nous les spectateurs – de l’histoire de manière particulièrement agaçante. Honnêtement, Jean-Michel, ne croyez-vous pas qu’il y a autre chose qu’une actrice anglaise pour jouer un rôle québécois de cette importance ?

L’autre point noir, c’est le générique. Comme pour les médicaments, on a l’impression qu’il est moins bon et moins efficace. En l’occurrence il est franchement chiant, à tel point qu’on active systématiquement l’option « passez l’introduction » de Netflix.

« Le serpent », on y entre par curiosité pour le fait-divers, on y reste pour Tahar Rahim, le climat pesant, les décors et l’incroyable déroulé de l’histoire vraie. On en sort pour les mêmes raisons.

1 Comment

  1. Je trouve que vous êtes dur. L’ambiance Hippie de l’époque, le scenario avec les flash-front (l’inverse dés flash-back) et les décors sont au RDV. Je valide totalement le jeu des acteurs, et celui de Tahar Rahim.
    Perso, j’aime bien le jeu de Jenna Coleman, et elle exprime bien ce tiraillement interne ….
    Quant au générique, j’avoue qu’en dehors de Narcos 1ère saison, je les zappe tous ……

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