On ne change pas une équipe qui gagne.
Cette année encore, n’écoutant que notre amour immodéré pour les roudors, les dolmens et la double-pédale, Niko, Marius et moi-même reprenons notre bâton de pèlerin direction Clisson pour nous remplir les yeux, les oreilles et la tête d’images, de sons et de souvenirs le temps d’un weekend où la réalité… est ailleurs.
Ivre de bonheur, notre Marius enchanté a bien tenté de nous faire décoller à 7h00 ce vendredi 21 juin pour arriver au plus tôt sur le site. Nos menaces de représailles physiques à l’encontre de son appareil défécatoire suffiront toutefois à calmer ses ardeurs et envisager raisonnablement un départ vers 9h30.
Cela ne l’empêche toutefois pas de nous proposer dans la foulée le plan du siècle pour se garer au plus près du site. Pôv’ petit bouchon encore tout meurtri dans sa chair par les marches à pied de l’année dernière…
Une fois ce plan bien évidemment atomisé en plein vol, lors de notre arrivée, par les bénévoles en charge de l’accueil (le parking en question étant réservé exclusivement aux équipes techniques), nous retournons nous garer…. à l’emplacement de l’année précédente.
… Non, décidément, on ne change pas une équipe qui gagne.
Notre Marius a toutefois tout prévu, le bougre : c’est en trottinette qu’il rejoindra tous les jours le site, à l’instar de nombreux autres festivaliers (il suffit de voir le nombre de vélos attachés aux diverses barrières à l’entrée).
Bref, il est environ 14h00, nous sommes à l’entrée, les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Marius récupère son accréditation photo et file direct écumer les différentes scènes du festival tandis que Niko et moi-même replongeons avec délice dans cette effervescence maintenant familière et nous focalisons sur les concerts de groupes qui nous font de l’oeil depuis déjà plusieurs mois.
Car oui, retrouver le Hellfest au fil des années, c’est presque comme enfiler sa fidèle paire de pantoufles à chaque nouvel hiver : on retrouve avec un ravissement non dissimulé cette inégalable sensation de confort, d’apaisement et de bien-être.
Une différence de taille toutefois avec nos bons vieux chaussons : les nouveautés mises en place ça et là chaque année, venant toujours améliorer un peu plus le quotidien des festivaliers, qu’il s’agisse du décorum, des infrastructures, des services,…
Cette nouvelle édition ne faillit pas à la règle. On peut ainsi noter notamment :
- L’agrandissement des écrans géants des mainstages (déjà bien balèzes) qui s’étendent désormais sur les 2 scènes en se prolongeant sur les côtés et le fond. L’effet est saisissant et particulièrement immersif.
- Une zone restauration repensée. Si la disposition générale ne change pas fondamentalement, de nombreux aménagements ont toutefois été effectués, pour faciliter la circulation et supprimer la poussière du menu: pavage, pelouse synthétique, emplacements pour se poser, patio avec fontaine au centre … Une vraie réussite.
- Le réaménagement et l’illumination du petit bois jouxtant la Warzone, véritable havre de repos pour les corps fourbus et/ou (surtout) imbibés de bibine.
- La création d’une magnifique horloge d’environ 15 mètres de haut qui vient se fondre parfaitement dans le décorum post-apo du festival.
Côté programmation, le festival frappe également fort, avec notamment deux initiatives marquantes :
- L’ajout exceptionnel d’une journée supplémentaire, à la veille du festival (cette année uniquement). Elle est destinée à accueillir le premier Knotfest européen (festival itinérant organisé par le groupe Slipknot), permettant ainsi aux festivaliers qui le souhaitent de bénéficier d’une programmation supplémentaire pour le moins variée (Slipknot, Rob Zombie, Sick of It All, Amon Amarth…).
- Le vendredi, la scène metal française est mise à l’honneur sur la mainstage 02 : Gojira, Mass Hysteria, Ultra Vomit, Dagoba, No One Is Innocent, Lofofora, Blackrain et Klone. Formidable initiative qui est très révélatrice de l’engagement et de la confiance du festival vis à vis de nos groupes nationaux.
Bien entendu, on retrouve cet habituel (et bien rodé) mélange des genres, entre groupes hard rock/classic rock (Kiss, Def Leppard, ZZ Top, Lynyrd Skynyrd, Slash,…), groupes typés metal bénéficiant d’une audience large (Slayer, Lamb Of God, Tool, Within Temptation, Anthrax,…), et programmations plus pointues/ouvertes pour un public avide de découvertes.
A ce titre, si le death, le black, le stoner, le punk ou le post metal (pour ne citer que ces styles) sont évidemment de mise (Carcass, Emperor, Fu Manchu, Sum 41, Cult Of Luna,…), on peut noter un accent mis cette année sur la scène rockabilly/psychobilly (Mad Sin, The Creepshow, Batmobile, The Living End,…) et electro/goth/indus/dark rock (Shaârghot, Combichrist, Dool, …). L’idéal pour varier les plaisirs pendant ces 3 jours de festoche.
Et l’Entrepod alors dans tout ça ?
C’est peu de dire que nous avons été servis chacun de notre côté, pour des raisons diverses.
Après une mise en jambes un peu plus progressive que d’habitude le vendredi, la magie du festival a de nouveau opéré à plein, avec son lot de découvertes musicales, de surprises, mais aussi de rencontres avec des festivaliers et collègues podcasteurs (Killer on the Loose, Road to Hellfest, Le Bruit).
Il faut dire que l’ambiance unique du lieu, la facilité et la simplicité des échanges entre festivaliers, l’enthousiasme des bénévoles, et de manière générale, l’état d’esprit général qui règne au Hellfest restent, comme toujours, les points forts de ce festival.
Côté concerts, impossible de tout voir, vu l’offre étourdissante, mais nous nous sommes déjà largement régalés, à la mesure de ce qu’il était humainement possible de faire.
S’il ne fallait retenir que les moments les plus marquants, mon « Top du top» serait :
- Envy : le numéro Uno, LA Découverte de cette édition 219 ; un son énorme, des mélodies imparables, des lights magnifiques… Entre ambiances tripantes et montées apocalyptiques, ce groupe de post-rock japonais a délivré un set phénoménal qui restera gravé dans les mémoires.
- Gojira : manifestement heureux d’être là, les français ont balancé en pleine face un concert d’une intensité redoutable, un show impressionnant de maîtrise, magistralement conclu par un « Gift Of Guilt » de toute beauté.
- The Young Gods : ce trio issu de la scène électro/indus/noise/… est pour le moins éloigné de la sphère Metal. Et pourtant… Une tuerie en live, accueillie par un public enthousiaste. Les Young Gods ont été impériaux. Une preuve supplémentaire de l’éclectisme audacieux et intelligent des programmateurs du Hellfest.
- Arabrot : mon instant norvégien du dimanche. Un rock electro/noise de haute volée envoyé par un chanteur au look improbable de fermier Amish avec son chapeau, ses bretelles, son chant typé white trash et son envoûtante acolyte féminine aux claviers. Formidable.
- Kvelertak : pour son death/black rock bien brutasse, ses riffs accrocheurs et l’incroyable énergie déployée par les musiciens sur scène.
- Skäld : Ambiance énorme pour un public venu en masse. Dans la droite ligne de formations pagan/folk/viking tels que Heilung ou Wardruna. Des compos splendides pour un concert magnifique et des artistes légitimement ovationnés en fin de show.
Côté révélations, d’autres groupes n’ont pas été en reste : Brutus, Uncle Acid & The Deadbeats, Lamb Of God, Punish Yourself, Cult Of Luna, The Ocean, ou encore My Sleeping Karma ont été de vraies découvertes, dans des registres très différents.
Une déception toutefois (même si je m’y étais préparé) : les Sisters Of Mercy, pourtant une des influences majeures de la scène goth rock. Après un concert raté au Zénith de Paris en 2006, le set délivré au Hellfest aura enfoncé le clou. Un son globalement plat, des guitaristes prenant des poses dignes des pires clichés de heavy metal des 80’s, un chanteur moyennement impliqué… J’ai définitivement fait le deuil de la formation des débuts et de la sombre élégance des arrangements originels. Heureusement, il me reste toujours les albums pour me consoler, les soirs de grande déprime. Merci en tout cas au Hellfest d’oser ce type de programmation.
Et l’annulation par Manowar de son concert le jour même ? On ne va pas en rajouter une couche sur ce qui a déjà été dit (ou pas) et les nombreuses railleries des festivaliers à leur sujet. Certains, venus parfois de loin pour voir le groupe, l’ont toutefois eu sévèrement en travers de la gorge.
En conclusion, une nouvelle édition réussie pour ce Hellfest cuvée 2019. La professionnalisation depuis plusieurs années déjà de ce festival, son budget impressionnant (27 millions d’euros – premier festival de France à ce titre), ses choix de programmation intelligemment dosés et ouverts restent, avant toute chose, au service des festivaliers. D’où l’énorme capital sympathie dont bénéficie le festival (il n’y a qu’à voir le parti pris par la majorité du public en sa faveur durant le weekend suite à l’incident Manowar) ainsi que, in fine, son enracinement profond et durable dans la culture Metal (et bien au-delà).
Pour compléter ce retour, voici une petite synthèse de l’édition 2019 vue par Marius et Niko:
Le Hellfest de Marius
- Mon top Top 5 concerts
- Daughters
- Dream Theater
- Slayer
- Hank Von Hell
- Envy
- Ma révélation / découverte / coup de cœur du festival
Envy pour la lumière et le chant japonais.
Daughters pour la prestation scénique,
Et toujours le service d’ordre Au top!!!!
- Ma déception / le coup de gueule du festival
L’attitude de certains photographes qui m’ont fait avoir honte d’être photographe !!!
Le Hellfest de NiKo
- Mon top Top 5 concerts
- Gojira
- Envy
- Tool
- Kvelertak
- Lamb of God
- Ma révélation / découverte / coup de cœur du festival
Envy et Kvelertak qui sont de vraies découvertes car je n’en avais même pas entendu parler avant de les voir sur scène
Coup de coeur pour les équipes qui bossent tout le weekend (Orga, sécurité, boissons, restauration, déssoifeurs, etc. ) et qui gardent le sourire et la bonne humeur du début à la fin, ce qui contribue à se sentir bien sur le site
- Ma déception / le coup de gueule du festival
Impression de surpopulation sur le site qui rendait parfois les déplacements difficiles (ce que je n’avais pas ressenti les autres années).
Ne pas réussir à être suffisamment tôt sur le site le matin, ce qui m’a fait rater plusieurs groupes (Klone, Nova Twins, Skindred, etc.)
Qu’ajouter de plus ?
Et bien… On ne change pas une équipe qui gagne !
Et bien sûr l’EntrePod ne serait pas l’EntrePod si on ne vous avait pas fait un retour en podcast et en vidéo !
NB: pour le podcast, nous avons rencontré des soucis avec le matériel d’enregistrement, ce qui entraine un son de qualité pas forcément toujours au top, c’est audible sans problème, mais pas très beau….
Mais on espère que cela vous plaira tout de même !
De plus, ne vous inquiétez pas pour la durée de l’épisode, c’est parce qu’en fin d’épisode, on a ajouté l’intégralité de la conférence de presse de Ben Barbaud (président-fondateur du Hellfest) à laquelle on a participé, pour celles et ceux qui sont intéressé(e)s par le côté coulisses d’un tel événement (mais sinon vous pouvez arrêter l’écoute après le générique de fin 😉 )
Podcast L’EntrePod se balade
Clip vidéo (Merci à Starlette pour la réalisation ! )
Bravo donc, merci encore à toute l’organisation (spéciale dédicace à Roger), et aux bénévoles. Surtout, continuez comme ça… Et on se retrouve l’année prochaine.
Allez, bisous !
Petite galerie complémentaire :
Retrouvez toutes les galeries photos de Marius sur sa page Facebook ou sur Instagram (n’hésitez pas à vous y abonner!)
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