On y était (aussi) – Alt-J à Rouen

Sur la scène, un tableau des années 90 : la moustache, la mèche peroxydée et la casquette avec visière façonnée à la main. Alt-J et ses trois hommes orchestrent une soirée pas comme les autres : un warm-up à une grosse tournée, dans une petite ville de province française qui s’appelle Rouen. Des mois et des mois que le groupe ne s’était pas aligné face au public loin de ses bases. Le 106 est le théâtre de cette répétition générale grandeur nature. Dans la salle, on se pince pour y croire : Alt-J ici, c’est aussi énigmatique que le triangle des Bermudes. Au rendez-vous, beaucoup de jeunes, peut-être plus prompts à se connecter rapidement pour choper des places. Celles proposées pour le concert des gars de Leeds ont été mises en vente un mercredi. Il a fallu à peine 8 heures pour les écouler.

L’ambiance jusqu’ici bon enfant (on est à Rouen), monte d’un cran en même temps que la température, et l’arrivée du trio sur scène. Ça applaudit, ça crie et ça forme des triangles avec les doigts, à l’endroit même où Julien Doré récoltait des cœurs.

Aligné en rang, qui derrière ses claviers, qui une guitare au cou, qui penché sur sa batterie, Alt-J monte le son général et balance d’entrée un « 3WW », intro du dernier né « Relaxer », pour percher les watts à bonne hauteur.

Le groupe est bien en rodage, il le montre, inconsciemment, par de petits regards latéraux inquiets ou rassurants. C’est plus flagrant (gênant ?) quand il doit stopper un « Matilda » au beau milieu du tube, pour un problème de soudure de couplet. Un morceau qu’Alt-J a dû jouer mille fois sans une erreur. Bon, c’est humain, et le public, bonne pâte, n’en tiendra pas rigueur. On est plus venu à la messe qu’au concert. Tant pis pour les poils, qui se hérissaient volontiers à l’écoute du morceau harassé. Ils ne se dresseront plus à la nouvelle célébration de « Matilda ».

Le panaché des chansons, proprement servies, est puisé dans les trois albums des Anglais. Autant dire qu’il y avait vraiment de la matière à étancher sa soif et son appétit pour ce crunch tombé du ciel. À chaque premières notes, un morceau sur deux, la dame derrière miaule : « Aaaahooooh oui ! ». Satisfaite d’avoir reconnu l’intro en deux secondes et 23 centièmes. Sur « Taro » ou « Breezeblocks », en fin de set, la dame derrière manque de s’évajouir. Néologisme pour dire « s ‘évanouir de plaisir ».

Rappel, trois chansons dont « Fitzpleasure ». Merci d’être venus à Rouen. Tout le plaisir était pour nous. Hey Bon Iver, Arcade Fire, Beck, Tame Impala, Sigur Ros, pas cap’ de venir tester votre show à Rouen avant d’aller tourner !

Pour le plaisir toujours : la set-list du concert d’Alt-J à Rouen

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