Hellfest 2017 : Carnets de voyage en enfer – Part I

EN GUISE DE PREAMBULE

Cette année encore, l’EntrePod s’est rendu sur l’immense terrain de jeu du Hellfest Open Air Festival qui s’est déroulé du 16 au 18 juin. Mais cette fois-ci, c’est votre serviteur qui s’y est collé.

Partageant un goût commun pour la testostérone sonore vieillie en fût de chêne, Niko (*) et moi-même avions en effet prévu de nous y rendre ensemble. Le destin en ayant décidé autrement pour mon compagnon de route, j’ai pris seul mon bâton de pèlerin pour ma première odyssée initiatique en terres bretonnes, à côté de laquelle Dante et sa Divine Comédie peuvent aller renfiler leur vieux slip pas net.

Voici donc le témoignage HALLUCINANT d’une virée sans filet dans l’antre du Démon. Vous constaterez par vous-même les ravages de la musique du Diable sur notre jeunesse pervertie, rencontrerez des personnages hors normes, expérimenterez des pratiques déviantes, participerez à des rites occultes et autres orgies sataniques, oui messieurs-dames, tout cela et BIEN PLUS ENCORE, le tout négligemment émaillé d’anecdotes toutes plus effroyables et croustillantes les unes que les autres !

Bon… A ce stade, normalement, mon racolage indigne d’une promesse de pipe à cinq euros expédiée prestement dans une pissotière turque de la Porte St Martin a du faire son p’tit effet, je n’en doute point. Je vous sens fins prêts à lire la suite, tout honteusement fébriles que vous êtes.

Alors, en avant Guingamp !

(*) Pour les plus petits poussins qui nous rejoignent, rappelons que Niko est l’Incarnation Terrestre d’un Über Dieu-Machine Vivant qui, de ses petits doigts malhabiles et divinement boudinés, créa jadis l’Entrepod à partir du Néant Originel. Selon d’anciennes légendes, il aurait dûment désigné au hasard Sept Equipiers constitués de Vide Absolu pour accomplir son Grand Œuvre. Avant de regretter aussitôt son choix… Mais il était trop tard : l’Entrepod was ALIIIIVE.

JOUR 1 – VENDREDI 16 JUIN 2017 / 9h00

Après avoir oxygéné ma masse musculaire en devenir, grâce à quelques étirements virilement matinaux, je suis tout chaud bouillant à l’idée de découvrir, durant trois jours, ce paradis du riff burné figurant parmi les meilleurs festivals de musiques actuelles en France.

Surtout que l’affiche est pour le moins éclectique dans le(s) genre(s) : entre incontournables mainstream et artistes plus « pointus », hard rock traditionnel, heavy, black, death, punk, hardcore, stoner, doom, thrash, glam, post, fusion, power metal, speed, prog’, ambient etc… et même electro, le choix est plus que vaste, pour ne pas dire cornélien.

En vrai guerrier à qui on ne la fait pas, je range mes p’tits fruits secs et ma compote bio dans un ch’ti pochon prévu à cet effet et j’appelle Niko pour quelques tuyaux de dernière minute, avant de décoller.

Après 4h30 de route et une escale à l’hôtel, situé à vingt minutes du site en bagnole, me voici enfin vers 16h30 aux abords de Clisson, terre d’élection du festival organisé et animé depuis maintenant douze ans par Benjamin Barbaud et son équipe.

Je gare ma voiture sur le bas-côté de la route. Le nombre de véhicules parqués des deux côtés de la départementale et sur le terre-plein central est impressionnant. Et je ne suis pas encore arrivé… Il me faut une bonne marche de trente minutes le long de la route, à rythme soutenu, en faisant bien gaffe de ne pas me faire tailler le gras du jambonneau par un automobiliste distrait, avant d’arriver sur les lieux.

Alors que se profile à l’horizon la monumentale guitare (un peu plus de dix mètres de haut) conçue par l’artiste bordelais Jean-François Buisson, un doute me violente brutalement le fondement (que j’ai fragile) : Hellfest ou Oktoberfest ?

En effet, force est de constater, à la vue des nombreuses constructions primitives à base de canettes parsemant le chemin, que le festivalier aime manifestement la bière et que la bière le lui rend bien (des fois, c’est le festivalier qui rend tout…, échange de bons procédés). La ballade est d’ailleurs égayée de conviviaux concours de rot dont je me dis, au vu du niveau sonore des candidats que la Finale doit être tout proche…. Ou alors que les concurrents sont d’un niveau redoutable cette année.

Mais voilà que j’arrive à l’entrée du site. Et là, c’est le choc visuel. Direct. Du genre qui te décalotte la rétine au décapeur thermique. La zone d’accueil/billetterie, constituée d’amplis géants et surmontée d’une enseigne Hellfest lumineuse place déjà la barre très haut. J’aperçois au delà de ces installations une grande place entourée de bâtiments que je devine être le Hell City Square… Un vrai Disneyland de la contre-culture !

Je suis déjà tout émoustillé… et je n’ai même pas encore pénétré dans l’enceinte du site. Un peu comme un premier rendez-vous amoureux, quoi, lorsque tu réalises qu’il n’y aura pas d’arnaque sous le bustier et que la soirée s’annonce sous les meilleurs auspices.

Bref… Une fois mon pass récupéré, je pars à la découverte de ce Nouveau Monde qui s’ouvre à moi. Je suis assailli à la fois par l’immensité du lieu, le niveau sonore et la foule déjà présente. Je déambule un peu au hasard, étourdi par mon manque de repères.

Entre les six différentes scènes installées (Main Stage 1 et 2, Altar, Temple, Valley, Warzone), le Hell City Square, le Metal Corner, le tout neuf HellFresh, la Grande Roue, le quartier VIP/Presse, le quartier restauration, les différents bars et stands de merch, je ne sais plus où donner de la tête, des yeux et des oreilles.

18 heures. Sur la Main Stage 2, Powerwolf, groupe de power metal teuton attaque « Sanctified with Dynamite », généreusement assaisonné de chœurs guerriers (comme le reste du répertoire d’ailleurs). Attila Dorn, chanteur barbu et ventripotent, harangue le public en français ( « Fou z’aimez Heafy Metaaal ??? ») dans une ambiance festive et bon enfant, tandis qu’un wall of death est joyeusement lancé à son initiative.

Ah, je vois des doigts se lever au fond de la salle… « Oui, Solange ? Le wall of death ? » « Et bien ma jeune enfant, tu te rappelles de « Braveheart », quand les deux armées ennemies se foutaient sur la gueule en se rentrant dedans ? Ben, ici, c’est exactement la même chose… Mais avec beaucoup moins de kilts. »

Un vrai bon point : la présence d’écrans géants sur toutes les scènes permettant aux spectateurs relativement éloignés d’apprécier le son avec l’image. Bon, faut pas être trop éloigné non plus, si on ne veut pas être parasité par le tir de barrage à l’arme lourde provenant des scènes voisines. Le mélange des genres peut, dans ce cas, être tout sauf gouleyant.

Un autre bon point : le système de paiement Cashless (je n’ai toutefois pas utilisé les bornes de rechargement mises en place cette année). Ce système est toutefois limité aux bars/snacks tenus par les équipes du Hellfest, les autres stands fonctionnant à la carte bleue ou aux espèces. Idéal pour consommer ses vingt litres de bière du weekend, tout en limitant son temps d’attente dans les files !

Bon, c’est pas tout ça, mais moi devoir chasser pour nourrir moi. Et là… Il y en a trop. Quand tu ne sais plus où donner de la tête, les yeux remplis de salive, et ben il y en a encore ! Barbecue argentin, falafels ou pur vegan avec boulgour au jus de schmoultz bio, difficile de faire son choix devant ces stands te promettant mille extases gustatives. Je finis par me rabattre sur une pasta box maison. Des sucres lents, pour tenir le coup jusqu’à 2h00.

En bon festivalier straight edge que je suis (autant dire, pour certains, une lopette trans-genre sortie du fin fond de sa favela brésilienne à la force du poignet), je me mets minable direct avec une bonne bouteille d’eau minérale et je pars déguster mon dîner devant la Main Stage, sous les assauts sanglants de Behemoth, un groupe polonais de black/death qui envoie le bois comme il se doit.

L’occasion d’échanger avec un jeune allemand sur le festival en général et sur ce groupe en particulier avant que le concert ne démarre… La grande classe maléfique de Nergal rayonne sur le public conquis : le chanteur/guitariste décoche ses salves ténébreuses d’un regard bleu conquérant dans le soleil couchant. J’en deviendrais presque sataniste, moi (mais j’ai trop peur que ça pique…).

Le set s’achève impérialement avec un lancer de guitare final au roadie posté sur le côté de la scène. Magnifique.

Deep Purple enchaîne derrière, et là, changement de ton. Ambiance papynounesque à l’arrivée du groupe, vite démentie par la suite. Riffs anthologiques, envolées d’orgue Hammond, soli de guitare à rallonge… : les vieux bougres (c’est leur tournée d’adieux) assurent le show et déroulent, tranquilles, leur hard/classic rock typé 70 ‘s.

Je pars ensuite visiter le Hell city square, gigantesque place entourée par toutes sortes de bâtiments directement échappés des jeux vidéo « Borderland » ou « Rage ». Un petit quinqua bedonnant, vêtu d’un slip tout cradingue et enfermé dans une cage sur une terrasse située à l’étage d’un bar, envoie une espèce de death ébouriffé en malmenant un violoncelle hors d’âge et sa grosse caisse. Rémi Bricka meets « Street Trash » ! Un vrai succès auprès des festivaliers présents.

Excellent point à noter en passant : la gestion très fluide des entrées/sorties, notamment grâce un système très efficace de contrôle automatique des bracelets.

Il est à présent temps d’investir la scène de la Valley pour écouter Electric Wizard, un groupe qu’il me tarde de découvrir en live. C’est peu de dire que je n’ai pas été déçu du voyage ! Sur des bandes de vieux films chelou en arrière plan mettant en scène les affres de jeunes filles nues, attachées, crucifiées et langoureusement fouettées, auxquelles se mêlent des effets kaléidoscopiques colorés, Electric Wizard délivre un doom psyché énorme aux riffs lourds et rugueux. Un set exceptionnel, pour un public tout acquis à la cause du groupe, baigné dans les volutes de fumée katmandouesques propres à la Valley.

22h50, fin du concert. En ressortant, il fait nuit et là, deuxième choc visuel de la journée : le site est splendide, littéralement magnifié par les éclairages électriques et les torchères qui illuminent les lieux. Le boulot abattu par les artistes décorateurs est tout bonnement scotchant.

Faut quand même que je m’assoie maintenant. La fatigue commence à pointer le bout de son nez et, à cette heure-ci, le black metal de Marduk ne passe plus. Je ne tiens pas cinq minutes.

Du coup, je pars m’installer dans un nouvel espace créé cette année, le Hell Fresh, à proximité de la Warzone. Un endroit avec des bancs et des brumisateurs pour se relaxer. Le temps d’une pause, avec le ska-punk californien de Rancid en fond sonore, et je file direction la Main Stage pour Rob Zombie, prévu à 23h25.

Alors, Rob Zombie, jolis visuels certes, John 5 à la guitare aussi, mais, mais… Monster Magnet sous la Valley qui me tend des bras aguicheurs… Difficile pour moi de résister à ce groupe de stoner/space/heavy rock psychédélique dont les albums « Dopes To Infinity » et « Powertrip » font partie intégrante de la bande-son des mes années 90’s.

Et de fait… Ca commence très fort d’entrée avec « Dopes to Infinity » justement, agrémenté de visuels de fesses et de seins à la mode vintage en fond de scène, le tout empaqueté dans une bonne odeur d’herbe à chat du Népal (la Valley, quoi !). Monster Magnet enfile ses tubes comme Mamie Suzette enfile les perles : « Powertrip », « Negasonic Teenage Warhead », « Space Lord »,… Le pied velu intégral.

1h00 du mat’. Tant pis pour Alestorm et les Damned, mais là, je suis rincé. Le temps de rentrer, de coucher mes notes sur le papier, j’éteins vers 4h00. Ca va être tendax demain…

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